
De premiers résultats ont été annoncés, dimanche soir 19 mars, au Nigeria après des élections locales marquées par des violences, des irrégularités et une faible participation. A Lagos, le gouverneur sortant Babajide Sanwo-Olu, du parti présidentiel Le Congrès des progressistes (APC), était en tête, selon les résultats partiels de la commission électorale. Un opposant à déjà évoqué des fraudes.
Le pays le plus peuplé d’Afrique avec plus de 210 millions d’habitants a élu samedi plus de 900 représentants des Assemblées des États, ainsi que les gouverneurs de 28 des 36 États. Les gouverneurs sont très puissants au Nigeria. Certains d’entre eux sont dotés pour leur État de budgets plus gros que ceux de plusieurs pays africains.
Ce scrutin s’est déroulé trois semaines après la présidentielle remportée par le candidat du parti au pouvoir, Bola Tinubu, et jugée frauduleuse par les principaux partis d’opposition. Le Parti travailliste (LP) et le Parti démocratique populaire (PDP) affirment que des défaillances techniques ont permis des manipulations de votes en faveur du candidat de l’APC, ce que la commission électorale a rejeté.
Tromperie
Le candidat du LP, Peter Obi, avait fait sensation en arrivant en tête à la présidentielle le 25 février à Lagos, considéré comme le fief du nouveau président. Mais, au niveau national, M. Obi a fini troisième, derrière M. Tinubu et Atiku Abubakar du PDP. MM. Obi et Abubakar contestent ces résultats devant les tribunaux. L’enjeu samedi était de savoir si la rémunération de M. Obi, en particulier auprès de la jeunesse, allait se faire sentir dans ces élections locales.
Une mesure que la Commission électorale nationale indépendante (INEC) a égrené les résultats dimanche, plaçant M. Sanwo-Olu en tête à Lagos, le candidat du parti travailliste dans cet État, Gbadebo Rhodes-Vivour, a crié à la fraude sur les réseaux sociaux . « Je suis convaincu sans aucun possible que les résultats annoncés douteux par l’INEC ne représentent pas le souhait de la majorité des Lagotiens pacifiques »at-il publié sur Twitter.
Pour le moment, l’APC a remporté les élections gouvernementales des États d’Ogun, Kwara, Jigawa, Gombe et Yobe, tandis que le PDP a remporté dans l’Oyo et l’Akwa Ibom. Des résultats restaient attendus pour les États de Rivers (sud) et de Kano (nord). L’Adamawa (nord-est) pourrait voir l’élection de la première femme gouverneure du Nigeria.
Le président sortant Muhammadu Buhari doit quitter le pouvoir en mai après deux mandats. Nombre de Nigérians qui espéraient un changement dans la politique nationale ont été déçus du déroulement de la présidentielle en février, un sentiment qui a pu avoir un impact sur la participation aux élections de samedi.
« Fouettés »
Des électeurs et des partis d’opposition affirment que des incidents techniques ont permis samedi la manipulation de résultats, ce que la commission électorale nie. Observateur sur le scrutin, le Centre pour la démocratie et le développement (CDD) a noté dans certaines zones du pays « une tendance au découragement » à la suite de la présidentielle, faisant penser que « ce n’est pas la peine » d’aller électeur.
Malgré des signes de faible participation, les observateurs du centre civique Yiaga Africa ont noté « une amélioration importante dans la gestion de la logistique de l’élection » samedi. Les bureaux de vote ont ouvert à l’heure pour la plupart et les machines d’enregistrement biométriques et le portail en ligne montrant que les résultats semblaient fonctionner relativement bien, selon les deux organisations.
Des violences ont néanmoins été signalées samedi dans plusieurs États où des malfrats ont tenté d’intimider les électeurs, détruisant parfois le matériel électoral, selon des médias locaux et des observateurs électoraux. Dans l’État d’Imo (sud-est), où des séparatistes armés sont actifs, des responsables électoraux ont été momentanément pris en otages et du matériel électoral dérobé.
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A Lagos, selon le CDD, des électeurs ont été « fouettés ». Selon Amnesty International, « beaucoup ont eu de graves blessures (…) c’est inacceptable et cela doit faire l’objet d’une enquête ». Plusieurs scrutins prévus samedi ont ainsi dû être reportés à dimanche. Par ailleurs, selon Yiaga Africa, des voix ont été achetées samedi contre 1 000 nairas (environ 2 euros) ou de l’alcool, des spaghettis, du tissu. Quelque 65 personnes ont été arrêtées pour ce type d’incitation au vote, selon la Commission des crimes économiques et financiers.