Contesté sur les retraites, Emmanuel Macron veut un meilleur partage des superprofits



Lors de son interview télévisée ce mercredi, le président de la République a indiqué qu’il souhaitait que les bénéfices exceptionnels de certaines grandes entreprises soient redistribués aux travailleurs plutôt qu’ils servent à racheter leurs propres actions.

Emmanuel Macron a pressé ce mercredi les entreprises qui dégagent des bénéfices exceptionnels d’en inverser une part plus importante à leurs salariés, sur fond de colère sociale contre la réforme des retraites. Invité du journal de 13 heures de TF1 et de France 2, le président de la République a jugé qu' »il y a quand même un peu un cynisme à l’oeuvre, quand on a des grandes entreprises qui font des revenus tellement exceptionnels qu’ ils arrivent à utiliser cet argent pour racheter leurs propres actions ». Il compte « demander au gouvernement de travailler sur une contribution exceptionnelle » pour que « les travailleurs puissent profiter » de cette manière.

Outre les dividendes, de plus en plus d’entreprises choisissent de racheter leurs propres actions -une opération destinée à soutenir le cours en Bourse. Les entreprises françaises du CAC 40 ont été libérées en 2022 plus de 142 milliards d’euros de bénéfices cumulés grâce aux records du luxe et de l’énergie, bénéficiant de l’inflation et de la crise énergétique — augurant une année rapide pour les actionnaires .

Une autre forme que la taxe sur les superprofits des énergéticiens

Emmanuel Macron a écarté la solution de taxer les superprofits comme « nous l’avons fait sur les énergéticiens » qui inverse à l’Etat les revenus tirés de leurs ventes au-delà d’un prix plafond de 180 euros le mégawatt-heure (Mwh ). Les États membres de l’Union européenne ont également adopté fin septembre un dispositif de taxation des superprofits des géants de l’énergie. La « contribution temporaire de solidarité » autorise l’UE à prélever un tiers des bénéfices imposables des multinationales productrices et distributrices de pétrole, de gaz et de charbon.

« Il faut trouver la bonne technique », at-il expliqué, pour que les entreprises qui « sont en train d’acheter leurs actions (…) distribuent davantage à leurs salariés ».

La question de la fiscalité des superprofits avait divisé le gouvernement à l’été dernier, le ministre de l’Économie y étant opposée tandis que la Première ministre Elisabeth Borne s’était montrée plus ouverte à cette idée. Tous les salariés ne seront toutefois pas concernés par la nouvelle proposition d’Emmanuel Macron.

Dans le sillage de l’accord sur le partage de la valeur

Le président de la Confédération des PME François Asselin a réagi sur France 2 en estimant que la mesure proposée allait « se concentrer sur les grandes entreprises » et que « ce n’est pas un sujet vraiment PME ». Le Medef de son côté n’a pas réagi dans l’immédiat. Les deux principales organisations patronales, tout comme le gouvernement, se sont récemment félicitées de l’accord sur le partage de la valeur conclue entre organisations syndicales et patronat, qui vise à étendre à toutes les entreprises de 11 salariés et plus les dispositifs d’intéressement , de participation et de primes de partage de la valeur (prime Macron). La Première ministre Elisabeth Borne a annoncé en février vouloir traduire cet accord dans une loi.

Durant son interview mercredi, Emmanuel Macron a indiqué « réengager » un dialogue avec les partenaires sociaux après l’adoption de sa très impopulaire réforme des retraites sans vote sur le texte par le parlement, le gouvernement ayant engagé sa responsabilité et résistant de justesse à l’une des deux motions de censure déposées contre lui par les oppositions.

Les banques françaises procèdent beaucoup aux rachats d’actions en 2022

La proposition présidentielle survient alors que les rachats d’actions ont le vent en poupe. En 2022, les entreprises du CAC 40 ont racheté pour 23,7 milliards d’euros d’actions, selon la lettre financière Vernimmen. TotalEnergies prévoit de débourser deux milliards de dollars au premier trimestre 2023 pour ces rachats, soit autant que ce que le groupe a versé au titre d’une taxe sur les superprofits dans l’UE et au Royaume-Uni. Le groupe automobile Stellantis veut dépenser 1,5 milliard en rachats d’actions et verser 4,2 milliards d’euros de dividendes, tout en déboursant 2 milliards en primes pour ses salariés.

Les banques françaises ont aussi été particulièrement généreuses avec leurs actionnaires. BNP Paribas souhaite rembourser 5 milliards d’euros à un programme de rachat d’actions, l’équivalent de la moitié de son bénéfice record de plus de 10 milliards d’euros en 2022. La Société Générale a décidé de décaisser l’équivalent de 90 % de son bénéfice net à ses actionnaires via un dividende en numéraire et un programme de rachat d’actions.

Le géant du luxe LVMH va distribuer 400 millions d’euros à ses quelque 39.000 salariés français, verser jusqu’à 1,5 milliard d’euros en rachats d’actions et verser quelque 6 milliards d’euros en dividendes aux actionnaires, dont près de 3 milliards reversés à la famille du PDG Bernard Arnault. Aux Etats-Unis, le budget 2024 du président Joe Biden prévoit notamment « un quadruplement de la taxe appliquée aux rachats d’actions ».

Une mesure ciblée vers les entreprises de plus de 5.000 salariés

Le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a précisé en début d’après-midi au Sénat que dans l’objectif de « trouver le bon équilibre entre la compétitivité des entreprises et la nécessité de mieux partager la valeur » , l’idée du gouvernement serait de contrecarrer les entreprises qui ont les moyens de racheter leurs propres actions sur les marchés à faire profiter davantage leurs salariés de leurs largesses financières.

« Nous voulons les obliger à distribuer plus d’intéressement, plus de participation, plus de primes défiscalisées lorsqu’elles font du rachat d’action », a déclaré Bruno Le Maire.

« Nous voulons que ce soit substantiel. de plus de 5.000 salariés et à celles qui font du rachat d’actions ». Bruno Le Maire a ajouté que le gouvernement formulerait cette proposition aux partenaires sociaux pour leur permettre de pouvoir entre eux une telle mesure.



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