Des souriceaux issus de deux pères et d’une mère porteuse


Présentation par Katsuhiko Hayashi (université de Kyushu) de la production de souriceaux issus de deux pères et d’une mère porteuse, à Londres, le 8 mars 2023.

Donner naissance à un individu génétiquement issu de deux pères, laissant à la mère le rôle de simple incubatrice ? Chez la souris, la recherche ouvre cette perspective, encore lointaine pour notre espèce. En 2018, une équipe de chercheurs chinois était déjà parvenue à obtenir des souriceaux à partir de parents de même sexe. Mais si les rongeurs conçus à partir de deux mères étaient viables, les petits issus de deux pères – et d’une mère porteuse – mouraient quarante-huit heures après leur naissance. Une équipe japonaise vient de surmonter cet obstacle avec une tout autre approche, produisant des ovocytes viables à partir seulement de cellules mâles.

L’expérience, publiée dans Nature le 15 mars, avait été présentée une semaine auparavant – ironiquement le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes – lors du troisième sommet international sur l’édition du génome humain, à Londres.

Katsuhiko Hayashi (universités de Kyushu, à Fukuoka, et d’Osaka) et ses collègues se sont appuyés sur une décennie de travaux sur la gamétogenèse, c’est-à-dire la formation des cellules sexuelles mâles (spermatozoïdes) et femelles (ovocytes). En l’occurrence, ce sont ces dernières qui ont été produites à partir de cellules mâles. L’équipe japonaise a mis à profit un phénomène qui est généralement un handicap lors de la mise en culture in vitro de cellules : la perte spontanée de chromosomes, notamment du Y présent dans les cellules mâles, couplé au X – rappelons que les cellules femelles présentent, elles, deux chromosomes X.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Des chercheurs chinois obtiennent des souriceaux à partir de parents de même sexe

Katsuhiko Hayashi est parti de cellules adultes prélevées dans la queue de souris mâles (XY), traitées pour redevenir des cellules souches pluripotentes, c’est-à-dire capables de se différencier en n’importe quel type cellulaire. In vitro, au fil de leurs divisions, certaines cellules (environ 6 %) ont donc perdu leur chromosome Y. Les cellules en question, dites X0, furent ensuite placées dans un milieu contenant de la reversine, une molécule qui perturbe la division, ce qui induisit la duplication du chromosome X. Ces cellules XX purent alors être cultivées conjointement avec des cellules fœtales ovariennes, constituant un milieu favorable à leur transformation en ovocytes. Ceux-ci purent alors être fécondés in vitro pour donner des embryons, qui furent ensuite implantés dans des mères porteuses.

Sauvegarde du rhinocéros blanc

Au final, sur 630 embryons implantés, sept ont conduit à la naissance de souriceaux qui, indique Katsuhiko Hayashi, « semblent grandir normalement jusqu’au stade adulte », soit un taux de succès de 1,1 %.

Il vous reste 56.59% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link

En bref

Des souriceaux issus de deux pères et d’une mère porteuse

Présentation par Katsuhiko Hayashi (université de Kyushu) de la production de souriceaux issus de deux pères et d’une mère porteuse, à Londres, le 8 mars 2023. TROISIÈME SOMMET INTERNATIONAL SUR L’ÉDITION DU GÉNOME HUMAIN. Donner naissance à un individu génétiquement issu de deux pères, laissant à la mère le rôle de simple incubatrice ? Chez la …

Des souriceaux issus de deux pères et d’une mère porteuse Lire la suite »

Abonnez vous

Recevez les dernières actualités dans votre boite mail.

You have been successfully Subscribed! Ops! Something went wrong, please try again.