Infiltrations de corticoïdes : indications, résultats, effets indésirables



Proposées en cas de douleurs articulaires, les infiltrations de corticoïdes ne laissent pas indifférents. Certains patients en attendent des miracles, d’autres les redoutent. Qui a tort ? Qui a raison ? Réponses de spécialistes.

Infiltrations de corticoïdes : c’est quoi ? Pourquoi en faire ?

Les infiltrations de corticoïdes sont des injections intra-articulaires d’un médicament, le plus souvent de la cortisone.

« Les corticoïdes sont des anti-inflammatoires puissants », explique le Pr François Rannou, médecin rééducateur et rhumatologue à l’hôpital Cochin (Paris). Raison d’ailleurs pour laquelle on ne fait des infiltrations que dans la phase aiguë, quelle que soit l’indication. Elles ne vont pas guérir une arthrose, ni réparer un tendon, ni résorber une hernie discale ou régler un problème de sciatique, mais elles vont soulager la douleur.

En deuxième intention en cas d’arthrose du genou, de la hanche ou de sciatique

La plupart du temps, les infiltrations n’arrivent qu’en deuxième ligne. « En fait, la décision est toujours prise selon la balance bénéfice/risque », précise le Pr Francis Berenbaum, chef du service de rhumatologie, hôpital Saint-Antoine, Paris. « Dans le cas d’une poussée d’arthrose du genou ou de la hanche, ou d’une sciatique, sans antécédents particuliers, on prescrira en général d’abord des anti-inflammatoires non stéroïdiens par voie orale, et seulement ensuite, en cas d’échec, des infiltrations. Mais quand le traitement par voie orale est déconseillé, en cas par exemple d’antécédent d’infarctus du myocarde, les infiltrations seront proposées en première intention. »

Elles ne sont pas efficaces chez tout le monde

Quand bien même l’indication est bien posée au patient, certaines personnes ne « répondent » pas aux corticoïdes : « on constate en effet une variation individuelle que l’on ne peut ni expliquer, ni prévoir », reconnaît le Pr Berenbaum. « C’est pourquoi on ne peut pas promettre à l’avance que les infiltrations seront efficaces, ni pendant combien de temps ».

Où se réalisent les injections de corticoïdes ?

La localisation dépend du type de problème traité.

  • Pour les problèmes articulaires (poussées d’arthrose, arthrite inflammatoire, polyarthrite rhumatoïde, spondylarthrite ankylosante, rhumatismes psoriasiques) : l’infiltration se fait dans l’articulation même, et toujours sous contrôle échographique lorsqu’il s’agit de la hanche ;
  • Pour les sciatiques ou les cruralgies liées à une hernie discale ou à un rétrécissement du canal lombaire : le corticoïde est injecté dans le rachis, au niveau de la racine nerveuse concernée ;
  • Pour les tendinites : l’infiltration se fait autour du tendon, et « uniquement si la douleur est très aiguë et permet de passer à l’indispensable étape de la rééducation car les infiltrations fragilisent les tendons pendant les dix jours à six semaines qui suivent l’injection », prévient le Dr Jean-Christophe Miniot, médecin du sport.

Quel temps de repos après une infiltration ? Au bout de combien de temps ressent-on l’effet ?

L’articulation concernée doit être mise au repos 24 à 48 heures après l’infiltration. Les effets sont ressentis quelques jours à quelques semaines après l’infiltration et leur durée est variable selon les patients et l’articulation.

Quelle est la durée d’efficacité d’une infiltration ?

« Si la première infiltration ne suffit pas, on peut en proposer une deuxième, de préférence dans les 15 jours qui suivent,voire une troisième, mais pas plus si les résultats ne sont pas satisfaisants », indique le Pr Rannou. Un schéma qui est ajusté selon les cas. Par exemple :

  • S’il s’agit d’une poussée d’arthrose, et que la première infiltration a eu peu d’effets, ou seulement sur une semaine, certains praticiens préfèrent s’en tenir là. « Il y a peu de chances pour que la suivante soit plus efficace », constate le Pr Berenbaum ;
  • « En revanche, pour une sciatique ou une cruralgie très douloureuse, il en faut souvent deux ou trois, à une semaine d’intervalle pour juger du résultat ».

Dans tous les cas, le nombre d’infiltrations est-il limité à trois par an ? « Cela ne correspond à aucune réalité médicale », dit le Pr Rannou. « Si les infiltrations ont donné de bons résultats, mais que la douleur revient six mois après, rien n’interdit d’en refaire une ».

Ressent-on de la douleur pendant ou après l’infiltration ?

« C’est surtout le cas lorsqu’on infiltre dans la hanche ou les doigts de la main, parfois dans le rachis », indique le Pr Rannou. D’où l’application préalable d’un patch d’anesthésique local pour limiter la douleur.

« Il peut aussi y avoir une douleur dans les 24 à 48 heures après l’infiltration, le volume du produit pouvant temporairement comprimer la zone d’injection avant de se répartir », ajoute le Pr Berenbaum.

Si la douleur persiste, avec de la fièvre, il faut immédiatement consulter pour s’assurer qu’une infection ne s’est pas développée, complication rare mais possible.

Quels sont les effets secondaires et risques après une infiltration de cortisone ?

Après l’infiltration il peut y avoir des effets indésirables qui disparaissent en quelques heures ou quelques jours (douleur au point d’injection, rougeurs du visage ou sensations de chaleur, maux de tête).

Concernant les risques, il faut savoir que les corticoïdes peuvent aggraver certaines maladies. C’est un effet secondaire qui nécessite d’être prudent. Ainsi, même si le diabète est traité et équilibré, il faut surveiller sa glycémie pendant les 48 heures qui suivent et, si elle se déstabilise, consulter son médecin qui réajustera le traitement. « S’il n’est pas équilibré ou traité, nous évitons les infiltrations qui risquent d’aggraver le problème », expose le Pr Berenbaum. Même chose en cas d’hypertension artérielle non contrôlée ou de glaucome.

Les infiltrations ne détruisent pas le cartilage

« Deux études réalisées chez des personnes souffrant d’une arthrose du genou et traitées avec des infiltrations tous les trois mois pendant deux ans, n’ont pas montré d’altération significative du cartilage de l’articulation », rassure le Pr Berenbaum.

Autres contre-indications

Y a-t-il d’autres contre-indications ? « Un AVC récent, un angor non stabilisé, une infection ou une suspicion d’infection dans les trois mois qui précèdent, quelle qu’en soit la cause, cite le Pr Rannou. En revanche, alors que les anti-inflammatoires non stéroïdiens type ibuprofène sont interdits pendant la grossesse, les infiltrations sont possibles. »



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