A Kherson, Ukrainiens et Russes se disputent la « zone grise » du Dniepr

Au niveau de la ville de Kherson, le grand fleuve se divise en de multiples bras formant un delta semi-marécageux. D’une ligne de front nette en amont, le Dniepr devient poreux et plus difficile à contrôler. S’il peut geler dans le nord du pays, ce n’est pas le cas à Kherson, où le climat plus tempéré connaît très rarement des périodes de gel assez longues pour figer son cours.
« Nous avons appris qu’un groupe de trente snipers russes vient d’être déployé de l’autre côté. Ils sont bien entraînés et équipés. Ils opèrent sur la berge, ce qui rend très dangereux une bande de 2 kilomètres en face d’eux. Il y a deux jours, nous avons perdu un pilote de drone, abattu par un sniper russe à 2 kilomètres de distance »déplore Valeriy Borovyk, 50 ans, membre du contre-espionnage militaire ukrainien.
« En théorie, le fleuve constitue la ligne de front, mais il y a cette zone grise au milieu, où circule à la fois des civils et des groupes de reconnaissance des deux côtés. Bien sûr, les uns comme les autres se déguisent en civils pour effectuer des missions de reconnaissance »explique cet homme d’allure sportive, qui, dans le civil, dirige une société fabriquant des drones de combat.
Le problème de logistique existe dans les deux sens, tempère un officier ukrainien qui préfère rester anonyme : « Pilonner leurs positions sur l’autre berge est facile, mener des raids nocturnes avec des petites embarcations, nous le faisons aussi. C’est pourquoi les Russes ont fortifié plusieurs lignes de défense en échelons loin du Dniepr. En revanche, il est trop risqué de lancer une opération amphibie avec du matériel lourd, qui serait immédiatement pilonné. »