La destruction de l’immeuble “Signal”, symbole de l’érosion côtière, commence



Après un long feuilleton juridico-administratif, la démolition débute ce vendredi 3 février.

La démolition du “Signal”, immeuble devenu symbole du recul des plages sur le littoral atlantique, débute vendredi à Soulac-sur-mer (Gironde), tandis que le problème de milliers de logements menacés se pose ailleurs sur la côte. Cette barre de quatre étages, construite en 1967 à 200 mètres de l’océan, n’en est plus éloignée aujourd’hui que d’une vingtaine de mètres, à flanc d’une dune grignotée par les flots.

Phénomène naturel à l’oeuvre depuis 18.000 ans sur le littoral atlantique, le recul du trait de côte se caractérise par un déplacement massif de sédiments sous l’effet des vagues, des vents et des marées, explique Nicolas Bernon, ingénieur en risques côtiers à l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine. Selon les scientifiques de l’Observatoire, le littoral sableux du golfe de Gascogne pourrait ainsi reculer de 50 mètres, et les côtes rocheuses du Pays basque de 27 mètres, d’ici 2050.

Le changement climatique, qui devrait engendrer ces 30 prochaines années une montée des eaux similaires à celle mesurée sur tout le siècle dernier, menace également d’accentuer la réplique de 20 mètres supplémentaires par endroits, ajoute Nicolas Bernon. Pour Vincent Duprat, 76 ans, l’un des 75 copropriétaires évacués du Signal dès janvier 2014 après une série de tempêtes et de grandes marées, la mer “a juste repris ses droits”, dans cette zone où la dune reculerait de plus de cinq mètres par an si elle n’était pas rechargée en sable régulièrement par des engins de chantier.

“D’une année sur l’autre, on ne reconnaissait pas le paysage”, se remémore sa compagnie Danielle Duprat, 74 ans.

Un “rêve transformé en cauchemar”

L’immeuble a été l’unique bâtiment achevé d’un vaste projet “Grande Motte” de plus d’un millier d’appartements, avec un boulevard 2×3 voies en bord de plage, à une époque “où il fallait créer des villes nouvelles “, raconte Jean-José Guichet, l’ex-président du syndicat des copropriétaires. Une “erreur humaine”, estime Danielle Duprat, évoquant un “rêve transformé en cauchemar” pour “des gens de condition moyenne”.

Fin 2020, après six ans de feuilleton juridico-administratif, les copropriétaires ont obtenu une indemnisation à hauteur de 70% de la valeur originale de leur logement. Un “accord one shot” voté au Parlement, qui “ne fera pas jurisprudence” pour éviter d’élargir le fonds “Barnier” – dédié uniquement aux risques naturels majeurs – aux milliers de propriétaires menacés par l’érosion dunaire, animé des spécialistes du dossier. Car dans la région Nouvelle-Aquitaine, selon le Groupement d’intérêt public (GIP) littoral, principal acteur local de la gestion de l’érosion, entre 750 et 6.700 logements et commerces pourraient être avalés par l’océan d’ici la moitié du siècle, si rien n’est fait.

Pour Nicolas Castay, directeur de cette structure financée par l’État, la Région et les collectivités du littoral, “l’affaire du Signal a été un révélateur, un drame pour avancer. Les collectivités se sont équipées et outillées avec des spécialistes” pour lutter. Aidées jusqu’en 2027 par un fonds européen de 38 millions d’euros et, pour plusieurs d’entre elles, par des soutiens de l’État, les collectivités de la région ont mis en place des stratégies “mixtes”, allant de la protection “en dur”, via des enrochements et des digues, jusqu’au déplacement futur des bâtiments menacés.

“Il faudra relocaliser”

Selon l’ingénieur Nicolas Bernon, “si l’on se projette à long terme, il faudra relocaliser” car les ouvrages en dur, qui “protégent à court terme”, intensifient le recul à leurs moyens et devront être renouvelés régulièrement. Les maires, rassemblés au sein de l’Association nationale des élus du littoral, réclament ainsi à l’État “un fonds national dédié” pour financer ces projets.

Si le gouvernement a mis en place, via des contrats de projet partenarial d’aménagement (PPA), des co-financements au cas par cas, ainsi qu’une série de dispositifs dédiés à l’érosion prévus par la loi Climat et résilience, les collectivités “manquent de visibilité pour sécuriser les plans de financement”, estime Nicolas Castay. Ainsi, la station balnéaire de Lacanau (Gironde), pionnière pour relocaliser plus d’un millier de logements, a repoussé ce projet à l’après 2050, pour cause d'”infaisabilité” financière et juridique. Elle a finalement restreint le déplacement à quelques édifices publics et opté pour la construction d’une digue à 30 millions d’euros – l’équivalent du budget de la commune – “fixant” le front de mer pour trente ans.



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