
L’année 2021 aura été fructueuse pour les gros salaires dans la finance européenne. Selon l’Autorité européenne (ABE), 1 957 personnes travaillant dans une banque ou une institution financière ont gagné plus de 1 million d’euros cette année-là. Du jamais-vu depuis que ces données ont commencé à être avancées, en 2010. En 2020, ils n’étaient que 1 383 à gagner autant, et ils étaient environ un millier chaque année entre 2010 et 2016.
Une partie de cette envolée des rémunérations vient de la bonne santé des marchés financiers en 2021, qui a donné lieu à de gros bonus. Mais un effet Brexit est également très probable, alors que le Royaume-Uni – et donc la City – est sorti du marché unique européen le 1euh janvier 2021.
L’ABE ne détaille pas où se trouvent ces ” Gros chats ” (« chats gras »). Depuis le Brexit, Paris, Francfort, Dublin, Amsterdam et Luxembourg se battent pour les attirer. Aucune statistique définitive n’est disponible, mais la tendance est résumée par William Wright, le directeur de New Financial, un groupe de réflexion qui a essayé de mesurer le phénomène. « En termes de nombre d’entreprises qui se sont déplacées, Dublin est en tête, mais il s’agit notamment de beaucoup de petites sociétés de gestion d’actifs ; en matière de quantité d’actifs déplacés, Francfort est en tête, et souvent les sièges européens y sont installés [notamment parce que la Banque centrale européenne, qui est le régulateur, y est présente]. Mais, en matière d’emplois, ce qui compte vraiment, c’est Paris qui est en tête. »
« Un marathon, pas un sprint »
Un par un, les centres financiers avancent quelques chiffres, qui ne correspondent pas nécessairement à ce classement. Choose Paris Region, l’agence de promotion de l’Ile-de-France, évoque 6 000 emplois directs reçus grâce au Brexit, il faut ajouter les emplois indirects. Frankfurt Main Finance, qui représente la capitale financière allemande, estime le niveau à 7 000 emplois. Luxembourg parle de « 2000-2500 emplois ».
Cette concurrence ne fait pourtant que commencer. « Il s’agit d’un marathon, pas d’un sprint », indique Hubertus Väth, le fondateur de Frankfurt Main Finance. Selon lui, les centres financiers secondaires qui ont offert des avantages fiscaux exceptionnels dans un premier temps ne tiendront pas la distance. « Il y a une tendance naturelle à la consolidation. » Jean-Charles Simon, directeur de Paris Europlace, qui représente la place parisienne, confirme : « A Paris, on est entré dans un cercle vertueux, avec des embauches qui en amènent d’autres. »