les critiques sous le charme du spectacle des adieux de l’archéologue et aventurier


Harrison Ford, rajeuni numériquement, dans Indiana Jones et le Cadran de la Destinée. Lucasfilm

REVUE DE PRESSE – Une « bonne surprise »voire un « miracle ». Sans égaler la trilogie originale de Steven Spielberg, ce nouveau et ultime volet des aventures d’Indie a séduit toute la presse ou presque.

Un peu plus d’un mois avant sa sortie, Indiana Jones et le Cadran de la Destinée s’est offert, jeudi, une avant-première cannoise. La projection du cinquième volet de la saga a même fourni au festival l’occasion d’arracher un sourire reconnaissant à Harrison Ford, l’éternel grognon de Hollywood récompensé ce soir-là d’une palme d’or d’honneur surprise. Mais que vaut le film ? Le souvenir de la précédente aventure de l’archéologue américain, Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, pouvait donner aux spectateurs du Palais des Festivals quelques frissons anxieux à l’allumage des projecteurs. La fin de séance a heureusement été marquée par un tonnerre d’applaudissements.

Peut-être parce qu’elle était inespérée, la réussite du nouvel Idiane jones a arraché à la presse des commentaires proches de l’extase. « Eurêka ! »titre Olivier Delcroix pour Le Figaro ; «une virtuosité dingue», mentionne la critique de Luc Chessel dans Libération ; pendant que, sur Twitter, Philippe Rouyer s’enchante d’un « grand spectacle » en finale « grandiose et malicieux » – sur un même aperçu Simon Riauxcarabinier chez Écran Largelâcher les mots de « miracle » et de « maestria ». Aussi repu de ce festin filmique, Renaud Baronian du parisienne applaudit à son tour – et souffle enfin. « C’est oui, un grand oui de réduction, consécutif à un plaisir absolu, un divertissement haut de gamme, une grande aventure cinématographique ». Fumée blanche au-dessus de Cannes.

Le secret de la recette ? Fils cuisinier. Steven Spielberg, chef de brigade historique de la saga, un passé pour la première fois la main à un autre cinéaste. Le maître saucier James Mangold, fossoyeur du superhéros Wolverine dans Logan , un coiffé la toque. L’héritier est à la hauteur et «déploie un savoir-faire spielbergien»approuvé Christophe Caron, dans La Voix du Nord . Dans sa critique pour Première François Léger s’enchante aussi du travail du réalisateur qui «s’approprie l’élégamment Indiana Jonesentre grand spectacle et modernisation très astucieuse de la légende».

Jeunesse éternelle

Un point étonnant surnage des premiers retours du cinquième Indiana Jones. Peu de lignes s’attardent sur le rajeunissement numérique d’Harrison Ford dans plusieurs séquences du film. La technique avait pourtant fait couler bien de l’encre avec le Peter Cushing ressuscité de Un voyou le Robert de Niro ragaillardi de L’Irlandais ou encore le Johnny Depp presque poupin du dernier Pirates des Caraïbes . Comme la critique est proverbialement plus généreuse dans ses assassinats que dans ses félicitations, on se risque à prendre ce silence pour un satisfecit résigné.

Attendue au tournant, la version rajeunie d’Harrison Ford paraît donc passer l’épreuve de la vérisimilitude. Ce n’est cependant pas le cas de tous les effets spéciaux – peut-être pas encore tout à fait terminés. «On se frotte les yeux devant la médiocrité de certains effets visuels et arrières plans numériques à l’artificialité flagrante»assène Philippe Guedj du Indiquer , mais plutôt convaincu par le film. Plus diplomate, Gilles Kerdreux d’Ouest France note avec délicatesse que « les scènes sur fond vert se voient un peu ».

L’autre pierre d’achoppement tient à la gestion de l’abondant capital nostalgie charrié par la saga. Les références et les clins d’œil sont légion. Des mots comme « contrefaçons »«autocitation» et « copier » ont été écrits. Nettement moins enthousiastes que leurs confrères français, les critiques anglo-saxons se rapprochent sans vergogne ce Cadran de la Destinée du honni Royaume du crâne de cristal. Owen Gleiberman, de Variété soupire ainsi de cette «suite qui sert de l’eau de rose nostalgique sans le moindre frisson». Richard Lawson de Salon de la vanité se chagrine de l’objet peu iconique de la quête d’Indiana Jones. L’Américain préférait l’Arche d’alliance de Moïse et le Graal du Christ au cadran d’Archimède, «qui n’a tout simplement pas le même poids culturel».

James Mangold parvient cependant à enfourcher ses quelques erreurs et à les conduire vers un objet cinématographique en voie de disparition dans les superproductions hollywoodiennes : une idée. Celle qui traverse Le Cadran de la Destinée est pétrie d’une mélancolie particulière, « celle du souvenir, des avantages et des inconvénients de remonter, ou non, le temps. En bref, de la vieillesse, du vestige, du vieux débris. Toute une archéologie»relève Luc Chessel pour Libération. Pour Fabrice Leclerc, de Paris-Match le message est ainsi asséné avec justesse grâce à «l’intelligence d’un scénario qui prend toutes les attentes à rebrousse-poil». Cela n’a pas empêché plusieurs journalistes de trouver le temps long. Comptez deux heures et demi pour voir défiler Le Cadran de la Destinée.

Du côté du Monde , la critique aime lever le pied et croquer, de temps à autre, dans une madeleine. Donc on y pastiche Proust. Cela donne le titre suivant : « Harrison Ford à la recherche du temps perdu ». Jacques Mandelbaum s’avoue charmé par « le motif poétique du voyage dans le temps ». Il s’en explique : « Harrison Ford devient, sous nos yeux, la véritable relique de cet ultime récit, soit un témoignage du passé qui nous est cher et que nous conservons précieusement pour éviter, aussi bien, que ce passé s’abolisse en nous. »





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