
Accoler les noms des groupes Kansas ou Pearl Jam à celui de Salvatore Adamo ne viendrait pas spontanément à l’esprit. Pourtant l’on trouve bien deux titres de ces groupes dans En français s’il vous plaît !parmi les quatorze du nouvel album du chanteur et auteur-compositeur, qui dit de sa voix qu’en vieillissant elle « à côté un peu ensablé de Nat King Cole ». Adamo n’a cependant pas viré vers le hard rock progressif ou le rock rattaché au courant grunge… Dans les deux cas, ce sont des ballades des formations américaines qui sont au rendez-vous.
Non pas chantées en anglais – Adamo a enregistré un album de ses succès dans cette langue, et d’autres en italien, allemand, japonais, espagnol, portugais… –, mais en français. Comme dans le reste de l’album, recueil d’adaptations par lui-même de chansons d’artistes ou de groupes britanniques et anglo-américains. Au programme, outre Kansas et Pearl Jam, 10cc, Gilbert O’Sullivan, Elton John, Marty Balin, Carole King, Simply Red, Robert Palmer, Neil Young, Bob Dylan, America. Avec un détour vers les Allemands d’Alphaville et le Néerlandais George Baker, dont les chansons étaient interprétées en anglais à l’origine. Dans tous les cas de succès, ou des chansons bien connues du rock, du folk ou de la pop.
Dans le salon près du bar de l’Hôtel de Sers, à Paris, Adamo précise : « C’est mon premier album d’adaptations de chansons étrangères en français. Pourtant, lorsque j’ai commencé, avec la génération des jeunes des années 1960, la période yéyé, c’était la règle pour une bonne partie des chanteuses et des chanteurs. » Vague traduction presque au mot à mot, paroles n’ayant plus qu’un lointain rapport, voire pas du tout, avec les originaux.
Mais Adamo a été dès ses débuts auteur et compositeur de toutes ses chansons, ce que le grand public ne sait pas toujours. Nul besoin de lui faire reprendre les chansons des autres, quand ses créations, Tombe la neige, Vous permettez, Monsieur ?, La Nuit, Les filles du bord de mer, Mes mains sur tes hanches…le meneur vers les sommets des hit-parades. « Je pense que c’est ce qui m’a démarqué. »
Stephan Eicher et le claviériste Reyn Ouwehand ont apporté des arrangements soignés, souvent acoustiques, ou discrètement électriques
Dans cet exercice délicat de l’adaptation, Adamo aura mis autant d’attention, de soin, de respect au mot à son rapport à la mélodie que pour ses propres chansons. D’abord se faire une idée de ce que souhaite exprimer l’auteur, puis explorer les sous-entendus, les métaphores, les allusions sociales ou politiques évidentes pour des Anglais ou des Américains. « Il y a peut-être des choses qui m’ont échappé, mais il était important que l’esprit de la chanson soit conservé. »
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